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EP45: Et si tout commençait avant la grossesse

  • Photo du rédacteur: Maxi Pesch
    Maxi Pesch
  • 7 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 mars



Si l’on sait aujourd’hui que les 1000 premiers jours – de la conception aux deux ans de l’enfant – sont cruciaux pour son développement, on découvre aussi que cette histoire commence bien avant. L’épigénétique, un domaine en pleine expansion, démontre que l’environnement et le mode de vie des parents avant même la conception peuvent influencer durablement la santé de leur enfant.


Dans cet épisode de 1000Deeg, Dr. Agnès Collet, médecin biologiste spécialisée en génétique humaine et médecine fonctionnelle, éclaire ces découvertes fascinantes et leurs implications.


“L’environnement module l’expression des gènes”


“Un enfant hérite bien sûr de son patrimoine génétique, 50 % de sa mère et 50 % de son père. Mais on sait aujourd’hui qu’il ne s’agit pas d’un programme immuable”, explique Dr. Collet. “L’environnement, le mode de vie et l’alimentation influencent l’expression de ces gènes. Ce que l’on appelle l’épigénétique permet de comprendre comment certaines prédispositions peuvent être activées ou au contraire atténuées par les choix de vie des parents.”

Cette influence commence bien avant la naissance. “Il y a des marqueurs épigénétiques qui vont jouer sur la manière dont nos gènes s’expriment, et ces marqueurs sont eux-mêmes modulés par l’environnement du bébé, mais aussi par celui des parents avant même la conception”, souligne-t-elle.

Les recherches montrent par exemple que le stress parental, l’alimentation ou encore l’exposition à des toxines peuvent modifier ces marqueurs et impacter le développement du futur enfant. “Il y a une continuité biologique entre les générations, et cela dépasse le simple bagage génétique”, précise Dr. Collet.



Une fenêtre qui s’ouvre avant la grossesse


Traditionnellement, les 1000 premiers jours sont définis comme les 9 mois de grossesse et les 2 premières années de vie de l’enfant. Mais selon Dr. Collet, cette période devrait être élargie : les 100 jours précédant la conception sont tout aussi déterminants.

“Les gamètes, c’est-à-dire les spermatozoïdes et les ovocytes, sont en maturation pendant environ trois mois avant la conception”, explique-t-elle. “Et leur qualité est influencée par l’environnement du moment.”


Cela signifie que le mode de vie des parents avant même la conception peut jouer un rôle clé sur la santé de l’enfant à naître. “C’est pourquoi nous insistons aujourd’hui sur l’importance de la période préconceptionnelle, qui commence bien avant que la grossesse ne soit confirmée.”

Quels sont les facteurs à surveiller ? L’alimentation, la qualité du sommeil, l’exposition aux perturbateurs endocriniens et le niveau de stress figurent parmi les éléments les plus influents.


“L’alimentation maternelle peut modifier l’expression des gènes du bébé”


Parmi les facteurs les plus étudiés, l’alimentation des parents et particulièrement celle de la mère joue un rôle essentiel. “Des études ont montré qu’un régime riche en graisses et en aliments ultra-transformés pendant la grossesse pouvait influencer l’expression des gènes liés au métabolisme du bébé”, précise Dr. Collet.

“Ce que la mère mange peut impacter durablement la gestion des graisses et des sucres chez l’enfant, ce qui peut augmenter son risque de maladies métaboliques à l’âge adulte.”

Mais il ne s’agit pas uniquement de la mère. “Le mode de vie du père compte aussi”, insiste-t-elle. “Le stress, la consommation d’alcool, le manque de sommeil peuvent affecter la qualité des spermatozoïdes, et donc influer sur l’enfant à naître.”


Attachement et développement : une influence biologique ?


Au-delà de la génétique et de l’alimentation, le lien d’attachement entre le bébé et ses parents joue un rôle majeur dans son développement. “On sait aujourd’hui que la qualité de l’attachement influence la régulation du stress et même l’expression de certains gènes”, explique Dr. Collet.

Des études ont montré que les enfants ayant vécu un attachement insécurisé ou des séparations précoces pouvaient présenter des altérations dans la gestion du stress à long terme. “Chez les animaux comme chez les humains, on observe que l’attention et le lien affectif des premières années ont un impact biologique mesurable. Certains marqueurs épigénétiques sont modulés par la qualité de l’environnement relationnel.”


Elle cite une étude réalisée en Angleterre sur des enfants ayant vécu des situations de maltraitance. “Les chercheurs ont constaté que réinstaurer un lien fort avec un parent ou une figure d’attachement pouvait modifier certaines signatures épigénétiques. Cela montre que rien n’est figé et que l’amour, la présence et la sécurité émotionnelle peuvent avoir un effet réparateur jusque dans notre biologie.”


Ce constat pose aussi une question sociétale : accordons-nous assez de temps et d’espace aux parents pour établir ce lien fondamental ? “Je pense qu’il y a une vraie réflexion à mener sur la manière dont nous organisons la vie des jeunes familles”, souligne-t-elle. “Le temps d’attachement ne se limite pas au congé parental. Aujourd’hui, beaucoup de parents travaillent à temps plein et ont peu de relais. La question du temps devient un véritable enjeu de santé publique.”


Un retard dans la prévention ?


Malgré ces avancées, la prévention reste focalisée sur la grossesse et les premières années de vie. “Aujourd’hui, on accompagne bien les femmes enceintes, mais on parle encore trop peu de ce qui se passe avant la conception”, regrette Dr. Collet.

Elle souligne un paradoxe : alors que les connaissances scientifiques évoluent, les politiques de santé publique tardent à s’adapter. “Pourquoi ne pas mieux informer les futurs parents en amont ? Pourquoi attendre la grossesse pour parler d’alimentation, d’exposition aux toxines ou de gestion du stress, alors qu’on sait que cela joue un rôle dès la conception ?”


Vers une nouvelle approche de la santé périnatale ?


En repensant l’approche des 1000 premiers jours pour y intégrer une phase préconceptionnelle, la médecine préventive pourrait ouvrir la voie à une réduction des risques de maladies chroniques et à une meilleure santé pour les générations futures.

“On commence à prendre conscience de l’importance de la prévention dans la médecine moderne, mais nous devons aller plus loin”, conclut Dr. Collet. “Les connaissances en génétique et en médecine fonctionnelle nous donnent des outils pour mieux accompagner les parents bien avant la naissance.”

Une réflexion qui invite à changer de paradigme : ne plus voir la santé infantile comme une question qui commence à la naissance, mais bien avant, dans les choix et l’environnement des parents bien en amont.





 
 
 

1件のコメント

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Nicolas
3月11日
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Intéressant. Merci

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